Contemporary Accounts of Montaigne's Essais
Montaigne’s Essais knew immediate success in France, following the publication of the first edition (2 volumes) in 1580. The following excerpts are from contemporary accounts of Montaigne and his work in the Bibliothèques of Antoine du Verdier (1585) and La Croix du Maine (1584), published after the first edition of the Essais, and before the second. Transcriptions are from copies of the Bibliothèques in Special Collections at the University of Virginia Library.
PREMIER VOLVME DE LA BIBLIOTHEQVE DV SIEVR DE LA CROIX-DV MAINE
Paris: Abel L’Angelier, 1584
P. 328-329. (Ee2v – Ee3r)
Messire MICHEL DE MONTAGNE, seigneur dudit lieu en Perigort, Cheualier de l’ordre du Roy, & gentilhomme ordinaire de sa chambre, Maire & gouuerneur de Bordaux &c.
Il nasquit en son Chasteau de Montagne l’an 1533. le dernier iour de Feburier.
Il fut premierement Conseiller du Roy audit Parlement de Bordeaux, mais apres la mort de son frere aisné il se deffist de cest estat, pour suyure les armes.
Il a espousé la fille de Messire Ioseph de la Chassagne, l’vn des plus renommez Conseillers dudit Parlement, pere de Monsieur de Pressac, Geufroy de la Chassagne, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roy (comme nous auons dit, parlant de luy cy deuant en son lieu.) Fault noter en passant, que au fueillet 124. il y a vne faulte en l’impression de ce liure, touchant le nom dudit Ioseph: car l’imprimeur a failly, ayãt mis Isaac au lieu de Ioseph: ce qui sera corrigé à la seconde edition.
Pour reuenir à parler de ce seigneur de Montagne, ie diray librement que les oeuures qu’il a mises en lumiere, sont tellement suffisantes pour tesmoigner de sa grande doctrine & iugement esmerueillable, & encores de sa diuerse leçon, ou varieté d’autheurs qu’il a leuz, qu’il n’est besoing en cecy d’en parler plus auant, à l’endroit de ceux qui auront consideré la structure de ce beau liure, qu’il a intitulé Essaiz: lequel a esté imprimé à Bordeaux chez Symon de Millanges l’an 1580. en deux volumes, & depuis encores l’an 1582. par luy-mesmes, & à Roüen aussi & autres diuers lieux, tant cest ouurage a esté bien receu de tous hommes de lettres. Et afin d’esclarcir le tiltre de ce liure, qu’il appelle Essaiz, & pour dire ce qu’il contient, & pour quelle raison il l’a ainsi intitulé, i’en diray ici mon aduis en passant.
En premier lieu ce tiltre ou inscription est for modeste, car si on veut pre[n]dre ce mot d’Essaiz, pour coup d’Essaiz, ou apprentissage, celà est for humble & rabaissé, & ne resent rien de superbe, ou arrogant: & si on le pre[n]d pour Essaiz ou experie[n]ces, c’est à dire discours pour se faço[n]ner sur autruy, il sera encores bie[n] pris en cette façõ: car ce liure ne cõtient autre chose qu’vne ample declaratiõ de la vie dudit sieur de Mõtagne, & chacu[n] chapitre cõtient vne partie d’icelle: en quoy me plaist for la respõse [page break] que ledit sieur fist au Roy de France Henry 3. lors qu’il luy dist que son liure luy plaisoit beaucoup. Sire (respondit l’autheur) il fault donq’ necessairement que ie plaise à vostre Maiesté, puisque mon liure luy est aggreable, car il ne contient autre chose qu’vn discours de ma vie, & de mes actions.
I’ay entendu qu’il s’en trouue aucuns, lesquels ne loüent pas assez dignement ce liure d’Essaiz, & n’en font pas autant de cas comme il le merite: mais pour donner mon iugement en cecy, i’ose asseurer (sans que ie craigne que les homme exempts de passion, ou affection particuliere, m’en puissent dementir) que ce liure est tres-recommandable, soit pour l’institution de toutes personnes, & pour autres choses tres-remarquables qui sont comprises en iceluy. Et afin de dire en vn mot ce que i’en pense, ie diray que si Plutarque est tant estimé pour ses beaux oeuures, que cetui-ci le doibt estre pour l’auoir imité de si pres, principalement en ses opuscules: Et si Plutarque a esté estimé seul entre les sçauants, duquel les oeuures deussent demeurer (s’il arriuoit que la perte se fist de tous les autres autheurs) ie dy que celuy qui l’a suyuy & imité de plus pres, doibt estre le plus recommandable apres luy, tout de mesmes que celuy estoit estimé le plus excellent peintre qui peindoit le mieux apres Apelles. Mais c’est peult estre trop s’arrester sur vn article, il faut venir aux autres escrits dudit sieur de Montagne.
Il a traduit de Latin en François, les dialogues de la nature de l’homme, escrits par Raymond Sebon ou Sebeïde, de nation Espagnole, homme estimé le plus profond Theologien, & des plus grands Philosophes de son temps, lequel florissoit à Tholose il y a deux cens ans ou enuiron, & y exerçoit la medecine.
Ledit sieur de Montagne a traduit le liure susdit, par le commandement de son pere, lequel le faisoit expressément, tant pour l’instruire en la crainte de Dieu, que pour le façonner de plus en plus à apprendre les bonnes lettres, & à s’exercer aux langues.
Ces dialogues ont esté imprimez à Paris chez Gabriel Buon l’an 1569. & chez Gilles Gourbin audit an.
Ce liure susdit s’intitule autrment, la Theologie naturelle de Raymond Sebon, docteur excellent entre les modernes.
Il a escrit vn discours sur la mort d’Estienne de la Boëtie, Conseiller du Roy à Bordeaux (son plus grand & plus fidel amy) &c. lequel liure a esté imprimé à Paris par Federic Morel l’an 1572. auec la Mesnagerie de Xenophon, & autres traductions faites par ledit de la Boëtie (comme nous auons ja recité cy duant parlant dudit autheur.
Il florist à Bordeaux cette annee 1584, âgé de cinquante ans, & continue à profiter à la republique en toutes sortes & façons tresloüables.
LA BIBLIOTHEQVE D'ANTOINE DV VERDIER, SEIGNEVR DE VAPRIVAS...
A LYON, PAR BARTHELEMY HONORAT. M.D. LXXXV.
MICHEL DE MONTAIGNE
p. 872- p. 881 [DD4v-EE3r]
MICHEL DE MONTAIGNE.
Les Essays de Messire Michel Seigneur de Montaigne Cheualier de l’ordre du Roy & Gentilhomme ordinaire de sa chambre. Liure premier & second. [impr. À Bourdeaux 8o. par Simon Millanges 1580.
Il a traduit aussi de latin en françois
Le liure des Creatures. Autheur Raymond Sebon, sontenant 330.chapitres.
[impr. À Paris 8o. chez Gilles Gourbin 1581. I’ay veu vne autre traduction dudit liure en fort vieil langage.
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Au Chap. Dixiesme. Des liures.
Ie ne fay point de doute qu’il ne m’aduienne souuent de parler de choses, qui sont ailleurs plus richement traitees chez les maistres du mestier, & plus veritablement. C’est icy purement l’essai de mes facultez naturelles, & nullement des acquises, & qui me surprendra d’ignorance, il ne fera rien cõtre moy. [this continues to end of entry on p. 881.]